Philippe, qui es-tu ?
En quoi consiste le métier de « responsable innovations substances naturelles » chez Arkopharma ?
Mon métier consiste à identifier et caractériser une plante, optimiser le parcours de production, et rechercher les propriétés d'une plante non encore exploitées dans nos produits.
Caractérisation d'une plante
Pour caractériser une plante, on étudie la partie botanique en premier lieu, puis la partie physico-chimique. En fonction du produit dont elle fera partie, on apporte un support technique afin de valoriser son activité.
Nous intervenons aussi auprès du service « Achats » quand ils recensent une nouvelle plante, pour développer des méthodes de contrôle, définir le cahier des charges des fournisseurs, et générer une monographie interne qui servira à contrôler les futurs approvisionnements.
Étude et optimisation de la production d'une plante de santé
Les paramètres « agricoles » susceptibles d’influer sur la teneur en composés actifs (métabolites) de nos plantes sont nombreux et variés : origine (zone géographique de production), type de sol, environnement, partie de plante, époque de récolte, etc… sans oublier les conditions climatiques bien sûr.
Certains éléments comme les conditions climatiques ne sont pas maitrisables mais d’autres paramètres peuvent être optimisés et maîtrisés afin de récolter la meilleure qualité possible de plante pour nos produits.
C’est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec nos producteurs partenaires pour que le couple plante-teneur en métabolites soit le plus optimal possible.
La recherche de nouvelles substances naturelles
La phytothérapie est une science inépuisable, c'est une source de satisfaction, de questionnements... C'est magnifique à travailler !
Arkopharma a obtenu des prix concernant l’amélioration continue. Notre démarche est de faire toujours mieux et d’aller un peu plus.
Dans cette optique, on cherche à développer au maximum la recherche pure.
Une plante est un mélange de métabolites ; elle peut donc avoir plusieurs activités. Si on revendique un effet particulier, il faut aller chercher quels métabolites y sont associés et leur comportement ; on peut ainsi déterminer si on a la meilleure qualité de plante ou s’il faut chercher un autre moment de récolte, une autre partie de plante, etc.
On sait aussi que les plantes peuvent se comporter différemment en fonction des associations, notamment dans un milieu liquide. Nous recherchons alors les impacts possibles sur nos plantes en fonction des associations et de la forme galénique afin de proposer le produit le plus adapté dans le bénéfice revendiqué.
Le BIO chez Arkopharma : en 2020, une grande partie de notre gamme Arkogélules® passera en BIO. Quel est ton point de vue sur le sujet ?
Je suis persuadé que se rapprocher des producteurs BIO est un plus.
On travaille avec des gens qui sont professionnels et ouverts à toutes les possibilités qui leur permettent d’évoluer et de nous fournir le produit qui nous convient. Notre partenariat leur permet de s’améliorer d’un point de vue agricole par rapport à nos problématiques, et nous, d’un point de vue maîtrise et qualité de nos produits.
La concrétisation de ce projet est-elle en bonne voie ?
Nous avons déjà bien avancé sur le projet BIO. Nous connaissons nos plantes et nous savons où la transition BIO se fera facilement et où nous rencontrerons des écueils.
Le respect de la ressource est fondamental : respecter le cycle de développement de la plante, adapter le mode de culture ou de récolte, sensibiliser ou former tous les acteurs de la production à la pérennisation de la ressource.
C’est quelque chose qu’Arkopharma a mis en place depuis plusieurs années pour l’Harpagophytum par exemple.
Tout ceci contribue et contribuera toujours davantage à respecter la ressource et l’utilisateur final en lui proposant un produit sain et de qualité.
La phytothérapie a-t-elle toujours fait partie de tes projets ?
Le domaine de la santé était ancré en moi depuis que j’ai passé le bac. J’ai fait un « DEUG » de biologie, une « Maîtrise de Sciences et techniques » en chimie fine puis un « DESS » de pharmacie industrielle.
Je veux apporter ma pierre à l’édifice sur ce côté naturel, j’y crois de plus en plus. On est dans un monde que l’on a beaucoup transformé. Si on peut revenir à quelque chose qui nous permette d’être mieux, avec un peu moins d’intervention de l’homme, je suis partant !
Pour toi, quelle différence entre le chimique et le naturel ?
Quand on y réfléchit, que ce soit de la synthèse pure ou de la phytothérapie, la source d'identification de l'activité est toujours la même : une plante.
Pour moi les 2 sont complémentaires : on a toujours besoin du médicament chimique, ce n’est pas pour rien que l’espérance de vie a grandement progressé au XXe siècle mais il a aussi ses côtés négatifs (effets secondaires) et tous les maux ne nécessitent pas l’intervention du chimique. Il faut moduler ça en combinant les deux pour vivre le mieux possible : apprendre ou réapprendre à se préserver par le naturel pour n’utiliser la chimie qu’en dernier recours.
Pourquoi avoir choisi Arkopharma ? Qu'est-ce que tu préfères dans ton travail ?
Je suis chez Arkopharma depuis 22 ans. J’ai commencé en tant que technicien de laboratoire et j’ai évolué petit à petit au sein du développement analytique, qui est devenu Laboratoire d’Étude des Substances Naturelles.
Ce que j’aime c’est que ce n’est jamais la même chose, ce n’est pas monotone. En plus je suis demandeur ! J’adore les défis, me mettre en danger. Gérer les imprévus, essayer de comprendre et résoudre les problèmes et toujours avancer dans la connaissance et la compréhension de ce que la nature a mis en place est très gratifiant : on ne s’ennuie pas !
Quel est ton plus bel accomplissement personnel et professionnel ?
La mise en place de l'UltraExtract® dans notre gamme Arkofluides®.
Ce projet consistait tout d’abord à étudier la performance de l’extraction par la méthode des ultrasons. Après plusieurs mois d’étude avec l’université d’Avignon, nous avons pu concrétiser ce projet en appliquant cette méthode à nos ampoules Arkofluides®. Grâce à cette dernière nous avons pu augmenter la quantité de matière extraite des plantes proposée dans nos Arkofluides® tout en réduisant la taille de nos ampoules.
À titre indicatif, notre efficacité d'extraction a été améliorée en moyenne de 73 %. Une vraie prouesse technique !
Qu'est-ce qui te nourrit à titre personnel ?
À titre personnel, c'est ma famille.
J'apprécie aussi de cuisiner quand j'ai le temps. Avec ma femme, on prépare des repas aux petits, du frais et des produits de qualité, ça devient une philosophie de vie. On essaie de consommer bio et local.
Que contient ta liste de vœux pour les 5 prochaines années ?
Un premier vœu serait de redoubler nos efforts en R&D pour proposer des produits toujours plus efficaces et innovants. Les compétences sont là pour être moteur dans ce domaine (expertise de Richard Coll sur les effets et les modes d’action des plantes en fonction des cibles thérapeutiques, support des affaires scientifiques pour mesurer l’activité et du Laboratoire d’étude des Substances naturelles pour isoler et doser les métabolites actifs).
Un deuxième vœu, comme le disait Fanny, c’est un jardin botanique, un laboratoire extérieur et vivant qui permettrait d’avoir des références pour les plantes qu’on utilise ou les falsifications potentielles. On pourrait essayer d’adapter certaines plantes, travailler sur des conditions de culture particulières.